Les fondateurs
Publié le 3 mai 2016 - Dernière modification le 14 mai 2018.De Méchins à Rivière-aux-Renards,
toutes les anses furent bientôt habitées.
Contes
Jacques Ferron
L’établissement des premiers habitants à l’endroit qui deviendra Manche-d’Épée est signalé une première fois dans une correspondance en 1866; l’aménagement des terrains et la construction des maisons ont de toute évidence commencé l’année précédente. Le titre de fondateur revient à Irénée Pelchat. L’homme qui a été postillon sur la côte fait le choix de cette anse sauvage; on l’imagine aisément mûrir sa décision lors de ses nombreux passages au fil des années. Deux noms lui sont associés dans la création du village, considéré à ses débuts comme un poste de pêche, soit ceux de Joseph Fournier et de Johnny Campion. Leurs familles puis d’autres s’installant sur des terres publiques, elles reçoivent un jour la visite d’un agent de l’État qui régularise leur situation. Les lots délimités en 1872, cédés, subdivisés et partagés depuis, constituent le fondement de l’actuelle occupation du sol.
Les familles des pionniers
Un même village de provenance, Beaumont, et des liens de parenté se révèlent les deux facteurs les plus déterminants à l’origine de cette aventure; la confiance, la solidarité et l’entraide représentaient, on le soupçonne, des préalables à l’entreprise de colonisation d’un territoire trouvé à l’état naturel, en pleine solitude. Et une bonne dose de courage.
Pelchat
Irénée Pelchat et Angélique Drouin se marient le 19 août 18341, à Beaumont, à l’est de Lévis. Si la tradition orale se souvient de ce pionnier sous le prénom d’Irénée, c’est cependant sous celui de René qu’il figure dans les généalogies. Comme son père et son grand-père s’appelaient déjà René, peut-être l’a-t-on nommé Irénée pour mieux le distinguer des deux premiers dans l’usage courant? Une note sur le certificat d’inhumation d’Angélique mentionne qu’elle était l’épouse d’Irénée, ce qui confirme bien cette identité.
Lorsque le couple s’établit non loin de la rivière où le pionnier a découvert une poignée d’épée, leurs dix enfants sont nés; six sont mariés2, deux sont décédés en bas âge et les plus jeunes, Louis, 18 ans, et le benjamin, Antoine-Urosse, 16 ans, habitent avec eux. Installé à Mont-Louis depuis 1850, sans doute fatigué de transporter la « malle » à pied sur une distance de 180 km entre Sainte-Anne-des-Monts et Rivière-au-Renard, Irénée décide, en 1866, de s’arrêter et de se consacrer à la pêche et la culture de la terre3; il choisit de repartir de zéro à 59 ans. Angélique, née en 1808, a donc 58 ans. De les voir refaire leur vie à un âge où les gens vont plutôt ralentir en prévision de leurs vieux jours a de quoi étonner : le peu de terres disponibles, la domination des compagnies sur les pêcheurs, la pauvreté ambiante et l’avenir de leurs garçons représentent autant d’éléments qu’il faudrait analyser plus avant pour tenter une explication sur les raisons de leur décision. Une anse de galets où sécher la morue a pu constituer un attrait dans les circonstances, sans oublier la présence de considérations tout à fait personnelles.
La période durant laquelle le mari est postillon n’est pas établie précisément : l’abbé Provost et le curé Plamondon en font état, ce dernier avançant qu’il a occupé la fonction pendant quinze ans. Dans un témoignage bien connu, Timothée Auclair (1838-1929) de Rivière-à-Claude, évoquant ses souvenirs de facteur, dit que le premier courrier fut Barthélemy Robinson, du Mont-Louis, qui fit ce service de 1855 à 1857. Je fus, moi, le second courrier. Je fus nommé en 1857 et je suis resté en fonction jusqu’à 18604. Il y a tout lieu de penser qu’Irénée a été le troisième à exercer ce difficile métier, selon la description fournie par Auclair, pendant cinq et non quinze ans, avant de s’établir pour de bon.
Vers 1860, rapporte toujours Auclair, Mont-Louis était, toute comparaison gardée, un village assez à l’aise où les gens s’occupaient d’agriculture et de pêche, mais ne pouvaient pas faire beaucoup de culture, car ils n’avaient pas de permis pour prendre des terres, propriétés de la seigneurie. D’ailleurs, une partie de sa population, évaluée à quelque 200 habitants, n’hésitera pas à s’installer aux alentours ou à fonder de nouveaux villages. C’est le cas des trois familles de pionniers venues à Manche-d’Épée.
Donc, Irénée et Angélique sont mariés depuis 32 ans lorsqu’ils construisent leur maison; à vrai dire, il se serait plutôt agi d’une maisonnette apparentée à un camp, que l’on appelait aussi « maisons de pêcheurs », comme on en voyait à l’époque5.
En remontant la généalogie des Pelchat, l’on découvre que les premiers sont partis de Les Biards, une commune du département de la Manche, en Basse-Normandie, située à proximité du Mont-Saint-Michel. Au temps de la naissance du grand-père d’Irénée, en 1732, le village compte plus de 1 000 habitants6. La famille semble y résider depuis longtemps, puisque l’on y voit déjà un René, en 1650. L’origine du patronyme découlerait de la profession exercée par les ancêtres et signifierait littéralement « celui qui pèle le chat », un surnom rattaché au domaine de la fourrure; tout comme Pelletier est un nom au départ porté par celui qui fabrique ou vend des peaux, des fourrures, autrement dit des pelleteries7.
Le grand-père d’Irénée, un pêcheur, émigre vers la fin du Régime français. Il se marie, en 1763, à Saint-Vallier, à 31 ans. Veuf, ce René se remarie, à 40 ans, toujours dans Bellechasse; de cette union naîtront quatorze enfants, dont un garçon qu’il nomme René en 1774. Ce dernier est le père d’Irénée.
Après onze années passées à bâtir Manche-d’Épée, Angélique décède en 1877. Quant à Irénée, il atteint l’âge de 87 ans et meurt le 7 mars 1894. Plusieurs des enfants du couple fondateur ont une descendance qui contribue pour beaucoup à l’accroissement de la population du village.
Fournier
Dans son Album-souvenir, l’abbé Provost nous dit que Joseph Fournier, lui, naquit à Beaumont en 1845. Il avait cinq ans quand son père Joseph vint s’établir au Mont-Louis avec sa femme Caroline Campion. La famille quitta Mont-Louis pour le Manche-d’Épée vers 1866.
L’utilisation des mêmes prénoms de père en fils complique la lecture des généalogies. Autant l’on trouve des René chez les Pelchat, autant les Joseph se succèdent dans cette lignée de Fournier. En réalité Joseph père est marié avec Louise Couture et ils ont bien un garçon né en 1845 qui se prénomme Joseph : certaines sources les identifient tous les deux sous le prénom de Joseph-Octave, alors que d’autres réservent le double prénom au fils qui épouse Caroline Campion. Leur mariage a lieu le 27 août 1864, et ils ont respectivement 19 et 20 ans. Le jeune couple s’installe à Manche-d’Épée en même temps que les Pelchat. Ces pionniers ont l’âge des enfants d’Irénée et d’Angélique. Ils choisissent de s’établir au creux de la vallée sur une terre éloignée de la mer. Cela annonce, semblerait-il, une intention forte de se consacrer à l’agriculture. De ce mariage naîtront huit enfants dont deux décèdent en bas âge; il s’agit de la famille « du premier lit », selon une expression passée. Caroline meurt alors qu’elle n’a que 41 ans.
Joseph fils, veuf à 40 ans en 1885, se marie en secondes noces avec Anne-Marie dite Mary Chenel, qui a 22 ans. Originaire de Cap-Chat, elle est venue à Manche-d’Épée en 1884 pour enseigner. De leur union naîtront douze enfants8. Cette famille nombreuse compte fortement elle aussi dans le peuplement du village.
Campion
Trois membres de la famille Campion s’établissent à Manche-d’Épée dans les années de sa fondation. Nous venons de voir que Caroline Campion est la première femme de Joseph-Octave Fournier fils et que le couple arrive dès 1866. Le frère de Caroline, Jean-Baptiste dit Johnny, se serait installé en 1866 ou 1867, selon les auteurs consultés9.
Lorsqu’il épouse Flore Fournier, le 21 novembre 1864, Johnny est veuf de Lucie Saint-Pierre avec laquelle il a eu une fille prénommée Lucie. À cette date, il a 22 ans et Flore tout juste 18. La famille habite Mont-Louis et compte deux enfants; en effet, depuis le 20 septembre 1865, le nouveau couple a un fils appelé Joseph, comme son grand-père maternel. Sa présence est notée dans le relevé de la visite paroissiale effectuée en 186610.
Voici l’explication de cette relation filiale : Flore est la fille de Joseph Fournier et de Louise Couture, et donc la sœur de Joseph fils marié avec Caroline, elle-même la sœur de Johnny. Cela illustre au besoin l’importance des liens familiaux dans la décision des deux couples de venir ensemble fonder un village en compagnie des Pelchat.
Disons tout de suite qu’un troisième membre de la famille Campion, Geneviève, se joindra à ses frère et sœur lorsqu’elle épousera Louis Pelchat, le 3 mai 1869, l’avant-dernier des garçons d’Irénée et d’Angélique.
Johnny, Caroline et Geneviève sont les descendants d’Alexandre Campion et de Jane Lawrence, aussi connue sous le nom de Geneviève Laurent. Alexandre est né, en 1816, en Basse-Normandie, croit-on savoir. Il arrive à Saint-Georges de La Malbaie, près de Gaspé, en 1838. On avance par ailleurs que sa famille vivait auparavant à Saint-Brieuc en Bretagne. Toujours est-il que c’est à Saint-Georges, le 6 septembre 1840, qu’il se marie avec Jane, fille de John Lawrence, jersiais, et d’Élisabeth Betsy Maloney, Irlandaise, de l’île Bonaventure. Elle a 18 ans. Selon les recensements, la famille habite Mont-Louis en 1861.
Johnny et Flore vont rester neuf ou dix ans à Manche-d’Épée avant de retourner à Mont-Louis, à la fin de l’été 1876, ayant entre-temps vu leur progéniture s’accroître de quatre enfants. Moins de vingt ans plus tard, en juillet 1895, Johnny se noie lorsque son embarcation chavire tandis qu’il pêche à la morue. Il a 53 ans.
En 1905, Flore déménage à Rivière-Madeleine avec son fils Honoré, et c’est là qu’elle se remarie avec Alexandre Gagnon, veuf d’Olympe Roy. Elle décède à 67 ans, le 11 mai 1913. De leur côté, Caroline qui a huit enfants et Geneviève qui en a six assurent une descendance nombreuse tant chez les Fournier que chez les Pelchat.
D’autres pionniers
Aux trois premières familles de pionniers, d’autres s’ajoutent lentement, toujours en fonction de liens de parenté ou d’un lieu de provenance commun. Nous aurons l’occasion de le découvrir plus loin, le peuplement du village évoluera doucement au gré des arrivées, mais aussi à celui des départs.
Davis
En 1867, Desneiges, fille d’Irénée et d’Angélique, se rapproche de sa famille en s’installant dans un Manche-d’Épée embryonnaire. Mariée depuis 1861 à un charpentier, rien n’est plus facile que de l’imaginer aidant son beau-père à construire sa maison en même temps qu’il bâtit la sienne. Leur union célébrée alors qu’ils ont tous les deux vingt ans est enregistrée à Sainte-Anne-des-Monts. Ce gendre s’appelle William-Guillaume Davis. Sa mère, Marie-Euphrosine Bond, a 18 ans et est encore célibataire lorsqu’il naît; dans les mots et la morale du temps, William-Guillaume est un « fils illégitime ». D’après les sources, le père serait William Davis, un matelot écossais, disait la rumeur11. Que l’enfant porte à la fois en anglais et en français le prénom aussi bien que le patronyme du père se veut une indication d’une illégitimité en rien conflictuelle.
Les parents de Marie-Euphrosine, Jean Bond et Louise Quirion, habitent Percé. Devenu parrain et marraine de l’enfant, le couple choisit à l’évidence de garder sa fille près de lui, une attitude plutôt rare à l’époque. Lorsque William-Guillaume atteint l’âge de quatre ans, sa mère se marie, le 13 mars 1845, avec Joseph Daraiche, un veuf de 43 ans, qui a une fille de l’âge de son fils. Combien de temps demeurent-ils à Percé, cela n’est pas dit? Toujours est-il qu’en 1866, on les retrouve parmi les trois familles qui vivent à Gros-Morne, là où Joseph s’éteint en 1887.
Compte tenu de sa généalogie, les ancêtres de Marie-Euphrosine sont les mêmes que ceux des Bond de Madeleine : de ce fait, William-Guillaume est le cousin d’Arthur Bond, mon grand-père maternel. Les deux hommes ne se sont jamais croisés, puisque Arthur est né peu avant que le premier parte à Montréal. William-Guillaume décède, en 1885, à l’âge de 44 ans, quelques années après son arrivée dans la métropole. Sa mère lui survit et meurt à Rivière-Madeleine, en 1914, à 91 ans.
Plus tard, le fils aîné de William-Guillaume et de Desneiges, Napoléon, deviendra, avec sa femme Rose-Delima Duguay (Madame Rose), l’hôtelier du village. Leur fille Régina épousera Jean-Baptiste Pelchat, fils de Louis.
Fournier
L’abbé Plamondon avance que Florent Fournier s’installe à Manche-d’Épée en 1869, alors que le père Provost croit que c’est plutôt Eugène, son garçon, qui arrive à cette date. Pour sa part, Firmin Létourneau12 compte Florent Fournier parmi les fondateurs de la Madeleine, qui dans son sens large a toujours inclus Manche-d’Épée.
Florent naît à Beaumont en 1820 et meurt à l’âge de 78 ans à Salem dans le Massachusetts. Lui et Joseph fils sont d’une parenté éloignée. Avec sa femme, Victoire Couture, et leurs enfants, il laisse nombre de descendants avant de partir aux États-Unis.
Leur fils Eugène, né en 1851, a donc dix-huit ans lorsque ses parents s’installent à Manche-d’Épée. Notons que leurs filles, Odile et Malvina, épouseront les frères Georges et Eugène Boucher, avant de venir retrouver leurs parents au village; ces deux couples auront des progénitures nombreuses réparties sur plusieurs décennies. La lignée d’un autre frère Boucher, Anthime, comptera plusieurs branches parmi la population locale.
En résumé, cinq familles habitent Manche-d’Épée en 1869, trois ans après sa fondation : à celle du patriarche Irénée Pelchat, se sont ajoutées celles des jeunes Joseph Fournier fils, Johnny Campion et William-Guillaume Davis ainsi que celle de Florent Fournier, qui approche alors la cinquantaine. Les gens de l’époque font preuve de mobilité, comme nous le constatons, n’hésitant pas à repartir de rien ou encore à s’expatrier. Sans doute faut-il y voir un signe des difficultés qu’ils éprouvent à surmonter leurs conditions de vie.
D’autres familles arriveront au long des années. Aux liens de parenté étroits qui unissent les premières venues s’ajouteront des alliances entre les enfants des pionniers, si bien que le village occupera, environ un siècle plus tard, toute la superficie de son territoire, y compris les terres réservées à l’agriculture et à l’élevage.
Les villages aux alentours
Dans ses Souvenirs d’un postillon gaspésien, publiés dans La Presse en 1925, Timothée Auclair fournit des précisions sur l’état du peuplement de la côte nord de la Gaspésie vers 1860. Il énumère les différents endroits où il livrait le courrier parmi lesquels il cite Manche-d’Épée, où il n’y avait personne. Quatre milles plus loin, on arrive à Petite-Madeleine. Personne n’y demeurait alors. À la Rivière-Madeleine, il y avait une dizaine de familles venant de Cap-Rosier, les Synotte, qui parlaient les deux langues entremêlées, anglais et français, les Laflamme, les Deraîche. Il y avait aussi deux Français, François Briard, qui était marié, et Jean Briard, qui était célibataire. Ce dernier habitait une assez grande maison. Les observations de celui qui a parcouru la côte nous confortent dans la présupposition que le territoire local s’avérait inoccupé à l’arrivée des pionniers.
En recoupant les renseignements des auteurs consultés jusqu’ici, les dates probables de fondation des villages en amont et en aval de Manche-d’Épée sont les suivantes :
— Marsoui : 1836 — Rivière-à-Claude : 1856 — Mont-Saint-Pierre : 1863
— Mont-Louis : le cas de Mont-Louis est particulier en ce qu’il y a eu trois périodes de peuplement, soit en 1699, en 1753 et en 1840, entrecoupées d’une réduction des activités. Les deux premières ont été écourtées, pour des raisons de dissensions entre les partenaires dans la première et pour cause de destruction par les Anglais, dans la deuxième. La troisième fut la bonne.
— Gros-Morne : 1860 — Rivière-Madeleine : 1837 — Grande-Vallée : 1842
— Petite-Vallée : 1858 – Cloridorme : 1838.
L’octroi des terres
Quand nos ancêtres se construisent des maisonnettes sans formalités dans l’anse sauvage du village à venir, ils sont ce que l’on appelle aujourd’hui des squatters, plus précisément ce sont des gens qui s’établissent de façon illégale sur la propriété d’autrui. En l’occurrence, le propriétaire du fonds de terre est l’État, que l’on désigne par les mots « la Couronne » en référence à l’autorité royale britannique. Sur le littoral gaspésien, il existe, entre les seigneuries héritées du régime français, de grands espaces à coloniser que les pionniers choisissent de s’approprier; ils le font soit parce qu’il n’y a plus de place sur les seigneuries, soit parce qu’ils souhaitent s’affranchir des conditions posées par les « seigneurs » dont le comportement manque parfois de noblesse. Ces terres disponibles se trouvent sur les cantons, une subdivision du territoire instituée en vertu du système anglais.
L’octroi gratuit de lots
L’encouragement à la colonisation ponctue de manière soutenue le discours politique et gouvernemental. L’accroissement rapide de la population dans la vallée du Saint-Laurent, la mainmise des grandes entreprises forestières sur de vastes territoires boisés combinée à une complète occupation des lots existants et à un favoritisme en faveur des immigrants anglo-saxons poussent les habitants vers les régions excentrées ou encore à migrer en direction de l’Ouest canadien ou des États-Unis.
En regard de la situation, le gouvernement du Québec statue, le 31 octobre 1871, sur l’octroi gratuit de certains lots de terres situées sur le chemin maritime dans certains cantons du comté de Gaspé13 de manière à faciliter l’implantation des gens qui cherchent une place où vivre. Et ce n’est pas la seule raison.
Le chemin du Roi qui longe le fleuve a été prolongé de Matane à Sainte-Anne-des-Monts entre 1850 et 1866. À compter de 1870, les autorités décident de l’ouvrir jusqu’à Rivière-au-Renard. À mesure que le travail progresse — ce qui prendra 20 ans —, il devient très nécessaire afin de rendre le chemin Maritime maintenant en construction sur la côte sud du golfe Saint-Laurent praticable en toute saison, d’attirer au plus tôt sur son parcours autant de colons possibles, lesquels devront veiller à l’entretien de cette voie importante en vertu d’un troc basé sur l’échange d’une terre contre un service. Qu’on le nomme chemin du Roi, chemin Maritime ou encore chemin du Golfe, on parle toujours d’une même route. Le décret du gouvernement spécifie que tous les lots non vendus, n’ayant pas plus de treize chaînes de largeur, compris dans le premier rang des cantons Christie, Duchesnay, Taschereau, Denoue, Cloridorme et Sydenham Nord soient donnés à titre d’octroi gratuit […]. Dès janvier 1872, l’agent des terres se présente à Manche-d’Épée pour régulariser la situation de ceux qui se sont installés sans attendre depuis six ou sept ans.
Louis Roy, agent des terres
L’agent des terres se nomme Louis Roy. Il habite Cap-Chat dont il deviendra le premier maire en 1885 à l’âge de 77 ans. C’est un personnage important dans la région, on en parle comme d’un « magistrat » au sens où il est investi d’une autorité publique. Sans savoir en quelle année il entre en fonction à titre d’agent des terres, l’Almanach des adresses Cherrier14 nous informe qu’il l’exerce toujours en 1886-87. Il s’agit d’un poste prestigieux à l’époque. Selon un rapport sur la protection des pêches dans le golfe, Roy possède une goélette, signe de réels moyens financiers. Il s’arrête à Manche-d’Épée le 24 janvier 1872. D’après la page 97 du relevé des transactions qu’il a effectuées sous le titre « Return of free Grants » — qui illustre que la langue de l’administration de la province est celle du Dominion of Canada —, il accorde ce jour-là des lots de 100 acres chacun à Eugène Fournier, Édouard Fournier, François Campion, Jean-Baptiste Campion, Florent Fournier, Joseph Fournier et Joseph-Octave Fournier15. Ce document représente sans contredit la plus vieille archive civile se rapportant au village. Le 25 au matin, Roy fait la connaissance du curé Bossé de Rivière-au-Renard qui s’arrête pendant quelques heures pour laisser reposer son cheval; il revient de Mont-Louis où il a eu une rencontre avec son confrère de la paroisse et celui de Sainte-Anne-des-Monts. L’agent dit au curé que le prolongement du chemin Maritime rendra possible la construction de la ligne télégraphique à compter de l’été16. Le 26 janvier, il poursuit son travail à « Gros-Mâle » et Anse-Pleureuse.
Fait étonnant, le lot attribué à René Pelchat dit Irénée est inscrit en date du 30 janvier 1872 à Mont-Louis. Il s’agit bel et bien du lot 20 du canton Taschereau qui se trouve à Manche-d’Épée. Peut-être se sont-ils rencontrés à cet endroit parce qu’Irénée était absent lors de la visite de l’agent au poste de pêche? Au bas de cette même page du registre apparaît la transaction qui accorde le lot 18 à Louis Pelchat, en février cette fois. Tous ces lots sont acquis moyennant des droits de deux dollars, la monnaie canadienne en vigueur depuis 1858.
L’occupation du sol
Trois sources nous permettent de savoir à qui ont été attribués les lots sur le territoire de Manche-d’Épée. La première, comme nous venons de le voir, est le registre dit Octroi gratuit chemin qui fournit les noms des neuf premiers propriétaires.
La deuxième source est un Index des lettres patentes de terres post-confédération (1867-1960) qui comporte des fiches relatives au canton Taschereau pour cette période17. Cet index reprend les informations déjà inscrites dans le registre pour la période 1867-1890 et d’autres pour la période 1891-1960.
La troisième est le Registre foncier du Québec en ligne qui donne accès au « Plan originel » du canton Taschereau, soit le plan officiel de la division des lots et au « Livre de renvoi officiel » dans lequel sont enregistrés les modifications au cadastre et les changements de propriétaire. Les données qu’il contient sont toutefois anciennes, à savoir du 9 novembre 1893 ou encore du 1er septembre 1956. Le gouvernement effectuant en ce moment une rénovation cadastrale, ce registre sera mis à jour prochainement.
Le recoupement des données provenant de ces trois sources fournit un premier portrait évolutif de l’occupation du sol sur les 25 lots qui composent la superficie du village, à savoir les lots 12 à 37. Le canton Taschereau est borné au nord par le golfe Saint-Laurent, à l’est par la seigneurie de la Rivière-Madeleine, à l’ouest par la seigneurie de Mont-Louis et au sud par une ligne reliant les extrémités desdites seigneuries.
Question de dimensions
Pour faciliter la compréhension des données, voyons un peu à quoi correspondent les unités de mesure des lots employées. On sait qu’en 1872, l’agent des terres est tenu de distribuer des lots n’ayant pas plus de 13 chaînes de largeur. Cela représente environ 270 mètres ou encore 900 pieds. Considérant ce qui précède, on peut évaluer qu’il y a approximativement 3,8 lots dans 1 km ou encore 5,6 lots dans un mille. Quant à la superficie d’un ou une acre au choix, elle correspond à un rectangle de 66 pieds sur 660 pieds, soit 43 650 pieds2 ou 4 047 mètres2.
Pour revenir à cette unité de longueur qu’est la chaîne, inventée au 17e siècle pour l’usage des arpenteurs, et en sachant qu’il faut 100 chaînons pour faire une chaîne, voici un extrait du « Livre de renvoi » décrivant le lot 20D qui n’est pas sans exprimer un certain exotisme :
Faisant partie du lot No 20 du 1er rang de la subdivision primitive du Canton Taschereau borné vers le Nord par le Golfe St-Laurent à l’Est et au Sud par le No 20 a et à l’Ouest par le No 20 b; mesurant deux chaînes quatre-vingt-dix mailles de front sur huit chaînes cinquante mailles de profondeur, contenant en superficie deux acres une vergée trente-quatre perches (2-1-34).
La vergée est une ancienne unité de mesure de superficie qui correspond à un quart de l’acre.
Subdivisions primitives et suivantes
Lorsque l’agent des terres leur attribue officiellement leurs lots en 1872, les premiers pionniers ont déjà construit leur maison depuis six ou sept ans. En parcourant chacun de ces lots primitifs d’est en ouest, examinons de façon sommaire comment l’occupation du sol a progressé18.
Le lot 17, qui se situe au pied des côtes, est accordé au jeune Eugène Fournier, âgé de 21 ans, marié depuis juillet 1871 à Marie Bennett. En comparaison de certains lots voisins, il demeure peu subdivisé. Eugène le lègue éventuellement à son fils Édouard, qui à son tour le transmettra à sa descendance. À noter que Louis Roy ne distribue alors aucun lot se trouvant à l’est de celui-ci, selon les sources dont nous disposons. Plus tard, Eugène se portera acquéreur de lots situés sur les côtes et qui appartiendront à son fils Louis, puis au garçon de ce dernier, Salomon, ou à son gendre Élie Béland.
Le lot 18 est lui aussi concédé à un jeune homme marié depuis peu, à savoir Louis Pelchat. À cette date, Louis a déjà construit sa maison dans l’ouest de l’anse qu’il cédera un jour à sa fille Céline, épouse d’Eugène Béland. Les premières subdivisions permettent à Louis d’accorder un bien à son fils Joseph, tandis qu’Antoine Ouellette obtient la partie ouest du lot. Autant chez les Pelchat que chez les Ouellette, la terre sera transmise aux descendants, sauf quelques parcelles qui seront cédées à d’autres personnes.
Le lot 19 revient à Édouard Fournier, celui-ci étant le frère de Joseph fils, un des fondateurs. Difficile de déterminer s’il s’y est lui-même installé. Ce lot fera l’objet de nombreux fractionnements avec le temps. En résumé, Antoine Ouellette s’approprie la partie voisine du lot 18 qu’il possède déjà, ce qui lui constitue une grande terre. Vers le centre, une section appartient à Georges Boucher, un gendre de Florent Fournier. Plus tard, ce terrain est cédé à Napoléon Davis où il construira l’hôtel Gaspé-Nord. Davis est aussi propriétaire d’un lot sur le territoire de Madeleine apparaissant au nom de son père William-Guillaume et d’un autre près de la route qui mène au lac au Diable. Dans les années 1950, les propriétés de Davis seront rachetées par Mathias Côté.
Étienne, un troisième membre de la fratrie Fournier, détient des terrains sur le lot concédé à Édouard. Après de nouveaux découpages, on voit Jean-Baptiste Pelchat et, chez les Boucher, Josué puis Ernest, Léonard, Jules puis Sylvio et Ovias habiter ce périmètre. Henri Pelchat acquiert à son tour une parcelle19. Enfin, Eugène Boucher construit la première maison-école sur le lot 19E. C’est aussi dans ces environs que s’élèveront la seconde école, la poste et le magasin.
Le lot 20 appartient à Irénée Pelchat. Tout comme pour le précédent, il connaîtra de nombreuses subdivisions qu’il serait irréaliste de relever en totalité. Il s’avère impossible d’identifier avec précision la parcelle sur laquelle Pelchat a lui-même vécu. Nous découvrons cependant que Joseph Fournier, le père, semble-t-il, occupe un lot qu’il cède à Michel Boucher, lequel l’aurait laissé à Alfred Boucher, le fils d’Eugène. Louis Pelchat détient le morceau sur lequel il a déjà construit sa maison. Son beau-frère, Pierre Lemieux, qui a épousé Marie, la fille d’Irénée, possède la partie ouest du lot ainsi que d’autres en allant vers le Ruisseau-Ferré et sur les côtes du Petit-Ruisseau. Ses droits sont un jour transmis à Euloge Pelchat.
De nombreuses autres subdivisions seront faites sur le lot 20 au cours des années. Notons que le garage, le cinéma, les restaurants et la neigère (20E-1) y ont été construits. Toute recherche réserve des surprises : la compagnie Fruing de Grande-Grave, qui a effectué le commerce de la morue sur la côte selon un modèle d’affaires intenable pour les pêcheurs, s’était assuré un pied-à-terre à Manche-d’Épée en acquérant le lot 20 D. Nous ne savons pas si elle y a bâti un entrepôt.
Le lot 21 se trouve à cheval sur la rivière; au départ, on l’attribue à François Campion. François est le jeune frère de Johnny, et il se marie en 1878, soit l’année suivant le retour de son aîné à Mont-Louis. Il y a fort à parier qu’il ne l’a jamais véritablement occupé. Avec ce lot, nous entrons dans la vallée où coule la rivière. Contrairement aux lots précédents où la montagne s’élève au sud, ici elle se dresse aussi au nord sur toutes les terres se trouvant à l’ouest de l’embouchure. Pierre Lemieux acquiert la partie est du lot, voisine de celle qu’il possède sur le lot 20. Anthime Boucher, le frère de Georges et d’Eugène, s’installe en retrait, au pied de la montagne. Sa terre occupe le côté ouest du lot et sera léguée à son fils Ernest, et ensuite à un autre de ses fils, Arthur.
Le lot 22 appartient à Johnny Campion qui y habite durant une dizaine d’années. Anthime Boucher en acquiert la moitié côté est qui, additionnée au lot qu’il détient déjà, lui fait une belle superficie. La partie ouest revient successivement à Eusèbe Saint-Laurent, marié à Marie Lizotte, puis à son garçon Émile, marié à Aurélie Robinson; c’est ainsi qu’en regard des liens familiaux une fois de plus, l’on voit s’installer de nouveaux propriétaires, dont le couple Eusèbe Robinson et Ernestine Lizotte, leur fils Pierre, puis Magella Quinton, marié à Marie Robinson.
Le lot 23 est dans les premiers temps accordé à Florent Fournier; ses descendants s’implantent cependant, comme on l’a vu, à l’autre extrémité du village. A-t-il habité à cet endroit avant son départ aux États-Unis quelque dix ans plus tard? Les sources indiquent qu’il a aussi détenu des droits sur le lot 20E avant de le céder à Michel Boucher, fils d’Anthime. Par ailleurs, le gendre de Florent, Eugène Boucher, construit une maison sur une portion du lot 23. La propriété est laissée à Édouard Blanchette, son oncle, vers 1880, qui va la donner en héritage à son fils Marcellin pour revenir, par succession, à son petit-fils Adrien. La partie ouest appartient à un autre gendre de Florent, Arthur Lizotte marié à sa fille Rebecca; au gré des morcellements, Édouard Fournier (le fils ou le frère de Joseph fils, car les deux possibilités existent, mais ce n’est pas dit), Joachim Fournier et Adrien Blanchette en détiendront des portions à leur tour.
Le lot 24 est porté au profit de Joseph Fournier selon le registre établi par Louis Roy, tandis que le lot 25 est inscrit au nom de Joseph-Octave Fournier. Considérant la difficulté de départager les deux hommes à qui l’on attribue souvent le même prénom, et comme le lot 24 sera un jour cédé en héritage à Calixte Fournier, il faut en déduire, dans le cas présent, que le fils est le détenteur du lot 24. La partie ouest dudit lot appartiendra finalement à Adrien Blanchette. De nos jours, la réserve écologique de Manche-d’Épée se trouve sur ce le lot.
Le lot 25 serait donc celui de Joseph Fournier père. Aucune maison ne s’élèvera à cet endroit et il appert que Louis Pelchat est un temps propriétaire d’une section qui revient ensuite à dame Jean-Baptiste Pelchat, Régina. Une autre part du lot est acquise par Josué Boucher. Pour visualiser ces partages, il ne faut pas oublier que cet endroit est montagneux et que le lot s’étend au nord du côté du Petit-Ruisseau.
Ce survol nous fournit une première image de l’installation de nos ancêtres sur leurs terres. Je me suis limité aux lots du centre sans élaborer sur les autres qui vont de 12 à 17 et de 26 à 37 : dans nombre de cas, ils sont acquis par des résidents du village pour y mener des activités agricoles ou forestières, par exemple pour disposer d’une réserve de bois de chauffage, ce qui n’exclut pas que certains aient été habités.
Bien que ce ne soit là qu’une vue d’ensemble du cheminement pour l’occupation du sol enclenché par l’octroi des lots primitifs, nous observons que leur cession a longtemps suivi la transmission de l’héritage familial. De façon pragmatique, les lots 19 et 20 en particulier ont été subdivisés pour développer un cœur de village et y regrouper certains services. La pêche demeurant l’activité de référence pendant près d’un siècle, il était logique qu’une certaine concentration apparaisse à cet égard. Ceux qui souhaitaient passer à l’agriculture ont acquis de plus grandes superficies.
À l’échelle des vieux continents, une période de 150 ans représente un bref retour sur l’histoire. En ce qui regarde Manche-d’Épée, cela nous reporte au début de son existence avec l’arrivée des fondateurs. Pour mieux comprendre ce qui a incité ces pionniers à se lancer dans la colonisation de l’anse et de son arrière-pays, il s’agirait d’examiner plus précisément le contexte familial, social, politique et économique dans lequel vivaient nos ancêtres au moment d’entreprendre leur nouvelle vie. Compte tenu de leurs nombreux déménagements, il semblerait qu’ils aient légué à leurs descendants le soin de faire fructifier le sentiment d’appartenance.
Remerciements:
Je remercie les personnes suivantes pour leur collaboration : Thérèse Bond, Florence Pelchat, Roland Pelchat, Laurette Fournier, Mario Lévesque, Théo Botte et Blandine Mercier.
Je remercie Marlène Clavette pour la révision de texte.
Notes et références:
1. Les références généalogiques données dans cet article proviennent essentiellement de deux sources, soit le site suivant : http://www.nosorigines.qc.ca/genealogie.aspx?lng=fr ou encore :
Roland Provost (sous la supervision de), Répertoires, Sainte-Anne-des-Monts, Les Éditions de la S.H.A.M. Les tomes 1 à 11 de ces répertoires généalogiques ont été publiés entre 1990 et 1993, les 12 et 13 en 1996.
Ma mère, Thérèse Bond, m’a aussi éclairé grâce à sa mémoire fabuleuse.
2. Voici la liste des mariages à partir de l’aîné : Ferdinand (Rosalie Saint-Laurent) en 1861; Séraphine (Georges Synnott) en 1853; Rose-Delima (Jean-Baptiste Synnett) en 1858; Julie (premier mariage avec Martin Chicoine) date non précisée et (Louis-Félix-Philippe Comeau) en 1887; Desneiges (William-Guillaume Davis) en 1861; Marie-Célina (Pierre Lemieux) en 1862. Merci à Laurette Fournier d’avoir partagé sa recherche généalogique.
3. Marcel Plamondon (1980),Notes historiques sur la paroisse de Madeleine, Madeleine, p. 13. Plus loin dans sa monographie, p. 37, il cite une lettre de l’abbé Blais, du 1erfévrier 1866, missionnaire auprès de la population locale selon laquelle trois familles étaient déjà installées à la « Pointe du “Manche d’Épée” ». Peu de sources sont disponibles permettant de confirmer une date avec certitude. On peut aussi noter cette autre source: Roland Provost (1989), Tricentenaire, seigneuries gaspésiennes concédées à Denis Riverin, album-souvenir 1688-1988, Sainte-Anne-des-Monts, Les Éditions de la S.H.A.M., non paginé, qui situe la fondation « vers 1865 ».
4. L’abbé Provost en publie une adaptation dans son Album-Souvenir aux pages où il est question de Rivière-à-Claude. Il indique aussi que l’article a paru dans La Presse, en 1925, dans la Voix gaspésienne le 2 novembre 1977 et dans la Revue d’histoire de la Gaspésie.
5. Ce renseignement a été donné à Blandine Mercier par M. Roland Pelchat.
6. https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Biards (consulté le 19 janvier 2016)
7. http://www.geneanet.org/nom-de-famille/PELCHAT (consulté le 19 janvier 2016)
8. Les 8 enfants nés du mariage de Joseph fils et de Caroline Campion sont : Ozildas, Octave, Louis-Joseph (Vitaline Chenel), Stanislas (Émérentienne Ouellet), Napoléon (Marie Boucher), Louis-Venant (Aimée Lemieux), Esther, Édouard (Louise Goupil puis Lucina Laflamme); les 12 enfants nés du mariage de Joseph fils et de Mary Chenel sont : Malvina-Rosilda dite Azilda (Caïus Auclair puis Fabianna Côté), Calixte-Albert (Aimée Gaumond), Illuminée (Achille Mercier), Clara (Joseph-Antoine-Octave Mimeault), Adélard-Philippe, Julie-Adélaïde (Aquila Roy), Edouard-Emeric (Louise Deroy), Léa-Priscille (Wilfrid Dubé), Marie-Adeline dite Maria (Adrien Blanchette), Julie-Octavie (Thomas Boucher), Georges-Antoine (Rose Bérubé) et Ovila. Merci à Mario Lévesque d’avoir partagé ces renseignements.
9. Je suis reconnaissant à Théo Botte, de Quimper, de m’avoir mis sur la piste des trois sources suivantes pour décrire la présence des Campion :
– Marcel Fournier (1995), Les Français au Québec, 1765-1865 : un mouvement migratoire méconnu, Québec, Septentrion, p.120.
– Les Campion, http://www.claude.dupras.com/les_campion.htm (consulté le 15 juin 2016)
– Jeannine Campion (2003), Alexandre de la France au Canada, France-Europe, 279 pages.
10. L’abbé Provost publie dans son Album-souvenir le recensement effectué en 1866 par le curé Bilodeau de Sainte-Anne au cours de sa visite à la mission de Mont-Louis.
11. Cette information relative à une rumeur se rapportant à un matelot écossais provient de M. Roland Pelchat. La consultation d’un article intitulé « The Davis Family of Gaspé » paru dans Gaspé of Yesterday confirme qu’il n’appartenait pas à cette lignée et contribue à valider cette hypothèse.
12. Firmin Létourneau (1965), La côte nord de Gaspé, Gaspé, Revue d’histoire de la Gaspésie, vol. III, no IV, p. 24.
13. Il s’agit de l’Ordre en Conseil numéro 1025 intitulé : Octroi gratuit de certains lots de terre situés sur le chemin maritime dans certains cantons du comté de Gaspé, octobre 1871; référence : BAnQ, Québec, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec E9,S101,SS6 1884-11-011/65 Arrêtés en Conseil Ordre en Conseil. Voir copie dans l’album photo.
14. Il s’agit d’une publication fondée en 1790, dirigée par A.B. Cherrier et offrant un annuaire du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration. Le renseignement sur Louis Roy se trouve à la page 38. Voir copie dans l’album photo.
15. Ces renseignements apparaissent à la page 97 du registre « Octroi gratuit Chemin »; référence : BAnQ, Québec, ministère des Terres et Forêts E21, S64, SS10 1984-10-010/385. Je tiens à remercier Michel Simard de la BAnQ pour sa précieuse collaboration dans la recherche de ce document. Voir copie dans l’album photo.
16. F-X Bossé, « La Gaspésie en 1872», La Revue d’histoire de la Gaspésie, vol VI, no 4, oct.-déc. (24) 1968, p. 180.
17. « Index des lettres patentes de terres post-confédération (1867-1960) » du canton Taschereau ; référence : BAnQ, E4 M15/93. Voir un exemple de l’une de ces 49 fiches dans l’album photo.
18. Vous trouverez dans l’album photo un plan du village du 18 novembre 1958 qui permet de visualiser les subdivisions dont il est question dans ce chapitre. Ce plan est tiré du « Registre foncier du Québec en ligne ».
19. Vous trouverez dans l’album photo un croquis à la main montrant l’ajout de ce lot 19A-6. Il est tiré du « Registre foncier du Québec en ligne ».
Télécharger l'article (PDF)